LE LIEU
GRIGNY LA GRANDE BORNE |
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Naissance d’une cité en plein champ. Le grand ensemble de La Grande Borne, à Grigny, « date de création, 1967-1970 », qui fête ses 40 ans en 2007, est un exemple emblématique de la construction de cette époque et d’une volonté des pouvoirs publics de redorer le blason des grands ensembles, passablement écorné depuis la fin des années 1950. En rupture avec les habitudes du moment, le projet de l’architecte Émile Aillaud impose un nouveau paysage urbain, où s’intercalent courbes et éléments droits, décorations, rues piétonnes et immeubles de faible hauteur (deux à quatre étages), regroupés en un labyrinthe de sept quartiers présentant chacun un type de décor différent. L’architecte a cherché la diversification des espaces et des constructions, des jeux de perspective évitant la perception simultanée de l’ensemble construit. L’harmonie visuelle est prioritaire : elle se nourrit d’une polychromie des façades riche de quarante teintes de pâte de verre et de quatre teintes de grès, aujourd’hui recouvertes. L’enfant est placé au cœur de la cité : des espaces verts, de grands terrains de jeu et d’aventure sont agrémentés d’un dédale de bâtiments, ponctués de fresques et d’œuvres d’art monumentales. Inscrite dans un triangle délimité par l’A6, la RN445et la RD310, la cité prend la forme d’ « un coquillage » (É. Aillaud), protégé de la circulation par ses immeubles entourant la plaine centrale. Dans une contribution intitulée Qu’est-ce qu’une ville?, publiée dans plusieurs revues en 1968, É. Aillaud précise le cadre de sa réflexion : « Devant le résultat catastrophique des grands ensembles, on concède parfois que l’urbanisme a évolué, que cela se passait il y a dix ans. Non ces formes urbaines ne sont pas maintenant dépassées, elles ont toujours été une erreur ! » Extrait du cahier de la Maison de banlieue et de l’architecture intitulé, « Des ensembles assez grands, mémoire et projets en Essonne », Sylvain Taboury. Le caractère original de La Grand Borne a relevé d’une grande générosité, de nombreuses œuvres d’art sont parsemées dans la cité, grâce à la participation quasi désintéressée d’artistes : les fresques murales de Fabio Rieti : « une pomme », « une petite fille », « tête d’un enfant », « Rimbaud », « KafKa » ; les peintures abstraites d’Éva Lukasiewicz, de Gilles Aillaud « un Okapi » ; de sculptures : « les pigeons et une grosse tête », de François Lalanne, une de Gulliver et un serpent de Laurence Rieti… La Grande Borne s’étend sur 90 hectares avec 3775 logements sociaux, 15 000 habitants de 55 nationalités différentes. La cité renferme sept quartiers d’immeubles, combinatoires de formes modulaires percées de 2100 fenêtres, alternant rythmes simples et complexes enserrant places et passages en multiples perspectives ponctuées de repères artistiques colorés qui donnent leur échelle et leur non aux lieux . Ainsi, formes cintrées : le Labyrinthe avec la place de l’Astrolabe au cadran dallé, du Ménisque, de l’œuf au grand corps ensablé, du marigot avec ses hippopotames de béton. La Balance, L'Ellipse… Le méridien, intermédiaire entre droites et courbes, son obélisque et la place des solstices, Les Radars, des tronçons de courbes. Formes droites sur trame rectiligne : Le Damier, Les Tiroirs et La Peupleraie, la place aux Herbes, les places de l’Oiseau, du Miroir, des Quinconces….lieux de silence. La Ville Haute ; des étages sur dalle, avec commerce et places animées. La Ville Basse, des maisons patios juxtaposées comme des boites, dans les interstices, des sculptures hors échelle, pomme et oignons géants, des placettes et chicanes, la cour de pytagore, la place de l’Erable, la place de l’Equinoxe, l’allée de l’Instrument et des « instruments » savants ; l’Antiboréum, l’Hémicycle de Berose, l’Héliocronomètre de Diodor, de Samos… |
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